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Varsovie: LA POLICE ATTAQUE LE MADAME, ET EXPULSE LES OCCUPANTS

La police de Varsovie a pillé le centre culturel le plus renommé de la capitale polonaise qu'est le Madame, et a déclaré le club fermé pour de bon.

Lukasz Palucki, un étudiant diplômé de psychologie sociale, un activiste gay qui illustre à lui seul l'essor de la mouvance du militantisme des minorités dans les pays de l'Est, est un des organisateurs de la marche des fiertés à Varsovie m'a expédié un e-mail de Varsovie pour m'indiquer de quelle manière la police s'est introduite dans le plus célèbre des clubs au matin du 25 mars.

( Photo 1, le cordon de police autour de Le Madame après l'incursion. )

Le Madame était occupé par des centaines de manifestants depuis lundi, quand la police a bloqué le club et a ordonné à chaque personne de quitter les lieux. La veille, l'acteur américain John Malkovich avait convoqué une conférence de presse au club pour exprimer son appui à l'exigence culturelle des partenaires culturelles résidant au sein même de l'établissement. Cependant, "nous avons eu trop peu de personnes à l'intérieur à cette heure pour protéger le club," écrit Palucki. La police a expulsé tous les occupants du club dès leur intrusion matinale, y compris Magda Mosiewicz (à droite, après son expulsion des locaux de son bureau ), la chef de file du parti vert polonais (qui n'a désormais plus de siège social, comme il faisait partie intégrante du premier étage du Madame). L'intervention de la police était très brutale, comme à son habitude et comme le rapporte Palucki, avec beaucoup de coups donnés aux occupants, qui n'opposés qu'une résistance passive - certains d'entre eux s'étant enchaînés aux balustrades du club. Ambiance bonne enfant qui tourne toujours au vinaigre quand la force de loi, pour le coup abhérante, fait son oeuvre.

Sitôt expulsés, Les manifestants se régroupèrent dans la rue, et entonnèrent à la face des policiers, " TO NIE KONIEC, À POCZATEK " ("Ce n'est pas fini, c'est juste qu'un début") Le rassemblement des manifestants s'est alors accru. Et comme symbole toute une foule à l'appel de syndicats, de partis politiques de l'opposition s'est rassemblé devant l'établissement et un concert a été improvisé pour signifier au gouvernement en place que la culture ne céderait pas  ( photo de gauche: un graffiti sur le mur extérieur du club après l'incursion de police, qui dit "Generation Le Madame, Generation toujours debout." ) face à la menace. Varsovie était le soir le théâtre d'un grand rassemblement de protestation et à un concert fut organisé devant Le Madame. Les manifestants ont réclamé une réunion d'urgence du conseil municipal pour discuter de la fermeture du Madame et de la brutalité policière Vous pouvez voir plus de photos de la police piller et de la scène à l'intérieur et en dehors du club de près cliquer ici.

VARSOVIE - LE SIÈGE DE LE MADAME: Un Stonewall Polonais?

Cette semaine a vu la montée d'une nouvelle dramaturgie dans l'atmosphère ultra-conservatrice régnant en Pologne depuis l'élection en octobre passé d'un nouveau gouvernement mené par le Président réactionnaire Lech Kaczynski et son frère jumeau, tout aussi charmant, Jaroslav, qui dirige le parlement polonais ( à gauche, les jumeaux Kacynski )

Lundi, mars 25, la police de Varsovie a bloqué Le Madame, club énormement populaire qui est également le noyau des activités culturelles et underground dans la capital Polonnaise. Au petit matin les forces de l'ordre ont évacué les occupants et pour fermer le lieu définitivement. L'arrêt du club a été commandé par le conseil municipal de Varsovie, qui est dirigé par les souffifres des jumeaux Kaczynski et leur partie de justice (PiS).

Mais la police a bien eu du mal - les occupants refusaient de partir, déclarant rester aussi longtemps qu'il serait nécessaire pour protéger ce lieux d'initiatives citoyens. Plus de 200 personnes ont manifesté la nuit suivant l'intervention policière. Et les barricades de police à l'entrée ne suffirent pas, des femmes et des enfants , se faufilèrent furtivement dans le club par des fenêtres et les sorties de secours pour se joindre à un sit-in spontané à l'intérieur des locaux..

Un groupe de militants d'un petit parti politique, Nowa Lewa (nouvelle gauche), mené par son Président, Piotr Ikonowicz, a par la suite traversé les barricades de police tout en évitant les jetées de bouteilles de bière. Les négociations entre le représentant du conseil municipal de la ville de Varsovie, Jaceck Bogiel et le propriétaire du club, Krystian Legierski ( un activiste gay de l'association de Varsovie lambda ) a par la suite mené au retrait de la police. Les autorités ont donné des assurances qu'aucune mesure ne serait prise contre le club pendant 48 heures. Mais les promesses ont rencontré le scepticisme des dirigeants du Le Madame, et mardi dans la nuit plus de 30 personnes ont occupé le club pour le protéger d'éventuelles réprésailles de la part de la police.

Pourquoi le pouvoir a-t-il visé Le Madame pour l'éliminer ? "Nous représentons tout la haine des Kacynskis," le directeur artistique du club, Kastia (Kate) Szurstow me le dévoile par téléphone en direct du club, alors qu'au dehors la police re-commence à rôder et prépare un nouveau plan pour déloger les manifestants. Largement décoré (avec des meubles de récupératiion), le club, s'est ouvert il y a trois ans dans le vieux quartier de la ville, et s'étend sur plusieurs niveaux d'une usine re-convertie pour l'occassion. À l'origine cet établissement était un simple rendez-vous gay, et petit à petit il est devenu le centredes activités artistiques et politiques. "Nous travaillons avec 61 groupes de théâtre et avons produit 204 oeuvres artistiques. Notre principale activité, cependant, est le théâtre contemporain"a indiqué Szurstow. "Nous avons également des objets exposés de toutes sortes d'art, peintures et photographies. Certains des objets exposés ont inclus les photos nues, et les autorités ont employé ceci pour essayer de nous condamner pour pornographie, quoiqu'aucun acte de sexe n'ait été dépeint."

D'ailleurs le club est régulièrement le lieux d'accueils des groupes politiques contestataires pour des forums et des discussions aux termes variés. "Gays, féminisme, activistes d'anti-globalisation, pacifistes, anarchistes, les parties de gauche d'opposition, nous leur faisons à tous bon accueil, particulièrement quand ils ont du mal à obtenir des lieux de réunion." enchérit Szurstow. "chacun est bienvenu ici. Nous pouvons avoir une discussion politique au  premier étage et une soirée au club au sous-sol, "ajoute-t-elle. Le partie des verts de Varsovie a ses bureaux au 1er étage du club. Et il y a en même temps un backroom au deuxième étage.

Cet arc-en-ciel recueillant le ferment sexuel, politique, et culturel est, en effet, tout ce que les jumeaux Kaczynski détestent. Dans un pays où  77% des voix des dernières élections est allé aux parties de droite - du partie de la loi et de la justice des Kacynzki, qui a promis une "morale karchérisée", à la ligue antisémitique et homophobe des familles polonaises ( Liga Polskich Rodzin ) jusqu'au néo-fasciste "d'autodéfense" ( Samoobrona ) - le gouvernement de Kaczyinski a choisi en tant que premier ministre un fondamentaliste catholique radical. Le maire de Varsovie, futur président de Pologne, Lech Kacynzki a interdit en son temps le défilé des fiertés gays de Varsovie pendant deux années consécutives - et comme président, un de ses premiers actes fut de supprimer le bureau de droits de l'homme chargé de la lutte contre la discrimination (une sorte débauche de la HALDE tuée dans l'oeuf ici en pays de l'est). Son frère Jaroslav, qui commande le parlement avec une autorité débordante, a proposé d'interdire aux gays l'accès à  l'enseignement dans les écoles à n'importe quel niveau. Et quelques semaines après l'élection municipale de la ville Poznan, le 19 novembre le gouvernement local dominé par le parti des jumeaux a envoyé la police à l'assaut d'une marche pacifique pour l'égalité des droits organisée par des gays et des lesbiennes , avec 68 arrestations et beaucoup de blessés. Ainsi va la Pologne et l'Europe en général.
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