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Riposte - le journal de Bertrand D.
28 septembre 2006

Mes années Russie, mes années VGIK...

tant_que_nousDes légendaires studios Mosfilm à Moscou sortent chaque année une soixantaine de films. Mais, en dépit de son plus faible « rendement », la production russe d’aujourd’hui témoigne de grande créativité, de force et d’intelligence, comme ne nous le montrent pas assez des festivals dédié au cinéma de ce pays tel le festival d'Honfleur.

La France est inculte du cinéma russe.

Ce cinéma-là est toujours hanté par l’histoire contemporaine – seconde guerre mondiale, communisme ou conflit avec la Tchétchénie, et donc terrorisme –, mais revisitée par une génération de réalisateurs qui a étudié du temps de l’URSS et tourné après la chute du mur de Berlin : leur regard refuse le manichéisme, recherche dans hier de quoi comprendre aujourd’hui, et imagine des anti-héros, férocement humains dans leur ambiguïté.

Avec Mon demi-frère Frankenstein, Valeri Todorovski propose une poignante réflexion sur la guerre en Tchétchénie, sans jamais montrer directement le conflit : une famille moscovite, et tout son entourage, condensé de la nouvelle classe moyenne, entre intelligentsia et monde des affaires, offre le pire et le meilleur d’elle-même lorsque s’y installe un fils inconnu, ravagé par la guerre dont il revient blessé. Le film a provoqué d’âpres discussions, suscitant même le rejet tant il dérange, mais on chercherait en vain l’équivalent en France à l’époque de la guerre d’Algérie.

Si une part considérable de la filmographie soviétique célèbre les sacrifices du pays pendant la seconde guerre mondiale, il aura fallu attendre plus de soixante ans pour que Les Nôtres, de Dmitri Meskhiev, ose affronter le thème de la collaboration autour de la fuite de trois égarés, soldats de l’armée rouge prisonniers de la Wehrmacht. Dans cette œuvre aussi, la violence directe de la guerre, sauf dans de premières minutes très brutales, est induite par la sauvagerie entre des personnes ballottées et façonnées par les circonstances ; les frontières entre les bons et les mauvais deviennent floues, et on ne sait plus très bien où sont « les nôtres ».

Ce brouillage entre les parts obscure ou lumineuse de chacun traverse également le grand film de Pavel Tchoukhraï, Un chauffeur pour Vera. Le cinéaste retrace, en la romançant, la liquidation du général Serov en Crimée, au début des années 1960, passé brutalement du statut de héros à celui d’ennemi du peuple. Grâce à des personnages tout en contradictions et à la description d’une Crimée inattendue, il explore les procédures individuelles de contournement qui permettent de survivre, jusqu’à un certain point, dans un régime policier. Ces années de plomb servent aussi de cadre au Temps de la moisson, de Marina Razbezhkina, mais l’ironie remplace la tragédie avec ce portrait d’une kolkhozienne gratifiée du drapeau rouge pour son rendement de moissonneuse, et condamnée à maintenir sa productivité pour éviter de rendre le drapeau, qui, abîmé par des souris, rétrécit d’année en année. Si cette première œuvre n’a pas la force du film de Tchoukhraï, sa poésie accompagne délicatement la parabole mise en (très belles) images.

Et finalement, « sommes-nous coupables ? », se demande – en écho à la sempiternelle question russe posée par Alexandre Herzen – le président de Mosfilm, avec le très léché Cavalier de la mort. Karen Shakhnazarov a adapté l’autobiographie d’un populiste terroriste du début du XXe siècle et y a trouvé des réponses pour comprendre les terroristes d’aujourd’hui.

Ces quelques films, et pleins d’autres encore, resteront malheureusement invisibles en France.

La Russie a besoin d'une reconnaissance internationale pour enfin s'ouvrir c'est-à-dire que nous allions vers eux pour casser ce cloisenement, ce nationalisme rempant qui hante les âmes.

Etudiant à la VGIK je n'ai gardé que des frustrations de ce pays, tant l'art et la façon de l'aborder est riche et subtile, tant on peut se heurter au non dit, à la parole d'état ou religieuse qui muselle encore et toujours la société. L'amour et la haine e cause quand j'entrevois le mot Russie...

Pour l'émancipation russe : y'a t--il des distributeurs dans le coin ?


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