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Riposte - le journal de Bertrand D.
27 janvier 2007

Chronique -1- de Tel Aviv

Loin de la guerre, à une heure de route de Gaza, à Tel-Aviv, la ville moderne, et à Jaffa, sa jumelle, la ville des oranges, Juifs et Arabes se côtoient, s’ignorent et, parfois, se parlent.

Chronique amoureuse

Tel-Aviv n’a pas changé. Elle sort, travaille, s’amuse avec frénésie, extravertie, sans repos, tendue vers un perpétuel présent. L’été est sa saison, les quatre ans d’Intifada ne semblent pas l’avoir affectée – on pourrait même croire que leur ombre a stimulé son appétit, son énergie, la vibration un peu excessive qui l’anime jour et nuit. Elle bouge sans arrêt, déborde sur sa longue plage, dans les restaurants, les cafés, les hôtels du front de mer. Les religieux se mêlent aux filles au ventre nu, aux Yéménites, aux Falachas, aux prostituées, aux familles nombreuses.

On entend l’hébreu, le russe, le français, l’anglais, toutes les langues sauf l’arabe. Quand je le parle, les gens se tendent autour de moi, c’est presque délicieux. Je retrouve la lumière de Beyrouth, l’air marin particulier, sel sur la peau, immersion bienheureuse du corps, sensualité implicite et permanente, Orient. La nuit, les cafés alignent des pyramides de lumière colorée entre les tables sur la plage, on peut se baigner. Les sushi bars restent ouverts tard, les boîtes sont nombreuses, la drogue facile.

La guerre est ailleurs, dans les territoires, là-bas. Rien ne la rappelle sous ce ciel dégagé, on se croirait en Grèce. Gaza est à une heure de route, Jérusalem plus proche encore, Tel-Aviv n’en veut rien savoir. Ses habitants font leurs trois ans de service militaire comme tout le monde, leur mois de réserve par an, ils voient l’Intifada de leurs yeux. Mais ils la laissent derrière, comme à l’étranger, au loin, dans les colonies. Autour d’eux, la métropole est en paix, elle est en vacances, joyeuse, la petite fille l’appelle : « Telle la vie. » Seuls les gardes armés d’un détecteur de métal à la porte des restaurants et des lieux publics rappellent les risques d’attentat, mais ils font partie du paysage et sont devenus invisibles. Le mur en construction censé protéger Tel-Aviv du terrorisme semble lui épargner jusqu’aux rumeurs du conflit. Ce n’est pas que la ville tourne le dos au pays, elle se place un peu en marge, une île, une pomme, un petit New York, elle non plus ne dort jamais.

Suite demain...

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