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Riposte - le journal de Bertrand D.
23 décembre 2005

Bonnes fêtes...

Je ne serai pas là le 23 et 24 décembre. juste le temps d'une pensée à mes amis jamais réniés...
A toi Muhamad, cuistot, pizzaïolo qui de sa conviction fait de sa vie un défi (je pense à ta femme et ta fille que tu n'a pas vu grandir, déjà 7 ans !).
A toi Zeus, tu le sais que le sucre est mauvais pour ta santé. Que tu prennes soin de ton corps avant que les murs usés et moissis de la grande maison ne te bouffe définitivement. Chante, chante dans cette chorale, devenue ta principale occupation et ne te retourne pas.
A Jérôme, tombé, et toute sa vie aussi, celle qu'il avait si soigneusement sorti du gouffre et qui n'a de cesse de lui filé entre les mains depuis un beau matin. Défoule toi sur les murs décrépis, crasse tes poings de cette peinture et ne laisse pas cet espoir si infime se rétrécir définitivement. Ton fils et ta femme t'attendent.
A Luc bijoutier hors paires qui de son travail préfère ne rien dire sans baisser la tête et tout le poids de la société s'abat sur lui, comme un piston qui ne sait pas plié. D'ailleurs pour son tour de garde il liquéfiera son amertume dans quelques vertigineuses boissons.
A toi, celle que l'on voit comme une ombre dévouée portant des sacs de fringues bien trop lourds pour sa carcasse. Du haut du haut mur à travers quelques minces fenêtres les bras t'interpellent : "la mère à Tony, la mère à Tony, ouais !!" Qu'est-ce qui te fait tenir ? L'amour des tiens, la haine de la violence ? Tu as laissé tomber ton travail et tu te dévoues comme une sainte que l'on ne voudrait pas reconnaître.
A ton marri trop fier pour franchir le seuil de l'enceinte, à cheval sur les principes, tu enrages contre cette injustice, et tu ne comprends pas ce qui la conduit là, ton fils...
Ton fils, nos fils, nos frères, nos amis, un voile sur leur vie comme ficelé au rayon oubliette.
Les colis de nourriture un peu plus frugale seront distribués, avec un peu de jambon fumé, des poivrons garnies que les mères auront préparés. Voilà de bonnes fêtes, rien d'exceptionnel dans l'univers aliénant.
Mais demain se sera vraiment la fête pour toi et les tiens quand tu teindra ta victoire sur la barbarie, comme un candamné qui remonte les flots tu auras vaincu le déshonneur, la crasse et surtout la peur, celle que tu ne voulais pas admettre. Et demain la souffrance restera intacte à l'intérieur, tu léveras un poing en partant pour que tout le monde en est un bout bien accroché au coeur et se disent : "Pour moi c'est bientôt".
BONNES FETES A TOUS ET QUE LA LIBERTE SOIT PROCHEsortie_prison

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